Cent fois le corps médical l’a condamné, jugeant son trépas imminent. Cent fois, il l’a vu aussitôt sortir des abysses et, contre toute attente, se rétablir… La famille de Jean-Marie Le Pen en finissait presque par le croire immortel. Lundi 6 janvier au soir, l’aggravation soudain de son état de santé annonce pourtant le pire. Pensionnaire d’une maison médicalisée privée des Hauts-de-Seine, à Garches, depuis une brève hospitalisation à l’hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt en novembre dernier, « il se plaignait de n’y être entouré que par des vieux », rapporte encore un proche.

Le nonagénaire y est finalement mort aux alentours de midi, mardi 7 janvier. Entouré de deux de ses filles, Marie-Caroline et Yann Le Pen, mais en l’absence de Marine Le Pen, alors retenue dans l’avion qui la ramenait d’un déplacement de deux jours à quelque 8 000 kilomètres de là, sur l’île de Mayotte. La triple candidate à la présidentielle apprendra la nouvelle lors d’une escale technique à Nairobi, au Kenya.

Depuis que la politique l’avait quitté, à l’issue de son ultime mandat de député européen en 2019, le « Menhir » s’était résolu face aux fins dernières à réconcilier les siens, et lui avec eux. Redevenir Jean-Marie davantage que Le Pen, en somme : « J’avais jusque-là un personnage à défendre. Je m’interdisais de baisser la garde. Aujourd’hui, j’ai en tête ces vers de Victor Hugo : “Lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille applaudit…” », glissera-t-il alors à Paris Match, à l’aube de ses 90 ans. Peu de temps après s’être réconcilié non seulement avec Marine Le Pen, à qui il devait son exclusion du Front national, mais aussi avec son aînée, Marie-Caroline Le Pen. Rompant les vingt ans de silence qui les ont séparés, depuis que celle-ci avait préféré, en 1998, lors de la violente scission du FN, le parti de son mari, Philippe Olivier, alors bras droit de Bruno Mégret, à celui de son père.

Les alertes successives autour de la santé déclinante de Jean-Marie Le Pen seront allées jusqu’à réconcilier Marion Maréchal et Marine Le Pen, comme l’a raconté en exclusivité Le Point. La tante et la nièce, longtemps Némésis l’une de l’autre, dont la rivalité politique aura secoué la présidentielle de 2022, se sont réconciliées dans le cadre familial avant de le faire dans le cadre politique. Au moment, notamment, de la réunion d’un conseil familial par Marine Le Pen, pour prendre les décisions s’imposant à la suite de l’hospitalisation d’urgence de Jean-Marie Le Pen en avril 2023.

Marine, cheffe de clan

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Avec la bénédiction de ses sœurs comme de sa nièce, la cheffe du « clan » s’est assurée que la politique ne vienne plus déranger la quiétude familiale retrouvée. En donnant congé, notamment, à l’entourage du quintuple candidat à la présidentielle. Lorrain de Saint-Affrique en tête, qui, jusqu’ici, s’occupait non seulement de faire l’intermédiaire avec la presse, mais entretenait la relation avec différents cercles militants et, surtout, avait accès aux divers comptes sur les réseaux sociaux qui, bien que moins prolifiques que par le passé, diffusaient alors encore.

C’est ce même conseil de famille qui a présidé à l’organisation des obsèques « strictement familiales », prévues ce samedi 11 janvier, dans le village natal de Jean-Marie Le Pen, à La Trinité-sur-Mer, dans le Morbihan. Ainsi qu’à l’hommage public qui devrait lui être rendu jeudi 16 janvier à Paris. Très impressionné, en décembre 2017, par les images des obsèques de Johnny Hallyday qu’il avait suivies sur l’immense écran plat de son domicile de Rueil-Malmaison, Jean-Marie Le Pen avait laissé échapper, un brin goguenard : « Ce serait pas mal pour moi, ça ! » Contrairement au chanteur, ce n’est pas en l’église de la Madeleine, mais à celle de Notre-Dame du Val-de-Grâce que sera célébré un hommage public et religieux.